Les impôts et taxes
peuvent être répartis en trois grandes familles en fonction de la base
d'imposition : le
revenu, la dépense ou le capital. Nous allons étudier successivement chacune de
ces familles.
1. Les
impôts sur le revenu
La notion de revenu
imposable a évolué au fil du temps : le législateur tend à passer d'une
conception restrictive (revenus périodiques et durables) à une conception
extensive (tout enrichissement doit être imposé). Cet enrichissement, monétaire
ou non (taxation des avantages en nature), est un revenu net (déduction des
frais ayant servi à l'obtenir), réalisé et disponible.
1.1.
L’impôt sur le revenu (IR) : imposition 2004 de 53 milliards d'euros
Cet impôt s'applique
essentiellement aux personnes physiques par opposition à l'impôt sur les
sociétés (IS) qui s'applique aux personnes morales.
Base : tous les
revenus du foyer sont imposés : salaires, retraites, pensions, revenus
fonciers, bénéfices agricoles, bénéfices des professions libérales, bénéfices
industriels ou commerciaux des exploitants individuels ou des sociétés de
personnes (petites entreprises), revenus des placements financiers,
plus-values…
Après déduction de
frais réels ou calculés forfaitairement et de certaines dépenses que le
gouvernement souhaite favoriser (production d'énergie renouvelable, isolation,
équipement pour handicapés…)
Taux : barème
progressif par tranches (taux maxi : 48,09%)
Particularité : pour
ne pas désavantager les titulaires de faibles revenus par rapport aux chômeurs,
une prime pour l'emploi est donnée aux faibles revenus d'activité compensant
ainsi le manque à gagner (281 € en moyenne en 2004, soit 2,5 milliards
d’euros).
1.2.
l'impôt sur les sociétés (IS) : imposition
2004 de 46
milliards d’euros
A déjà fait l'objet
d'une étude dans le numéro 1 de Partie- Double. Je n'y reviendrais donc pas. A
noter cependant deux particularités pour les groupes de sociétés :
Intégration fiscale
pour les groupes de sociétés françaises détenues à plus de 95% : sur option, la
société mère peut imputer immédiatement les pertes fiscales de certaines
entités sur les gains des autres afin d'obtenir une base totale d'imposition
minorée.
Bénéfice mondial
consolidé : philosophie identique à l'intégration fiscale mais le pourcentage
de détention est abaissé à 50% et les sociétés non françaises peuvent faire
partie du groupe. Accordé seulement aux très grands groupes français (une
quinzaine actuellement).
1.3. les
taxes annexes à l'impôt sur les sociétés
1.3.1. la
taxe d'apprentissage
Base : masse
salariale de l'entreprise
Taux : 0,5% et/ou
dépenses directes d'apprentissage
1.3.2. la
formation professionnelle continue
Base : masse
salariale de l'entreprise
Taux : 1,6% et/ou
dépenses de formation
(0.55% pour les
sociétés de moins de 10 salariés)
1.3.3.
l'effort construction
Base : masse
salariale de l'entreprise
Taux : 0,45% à faire
utiliser par ses salariés (prêts à faibles
taux pour achats ou
travaux immobiliers personnels)
- 0% pour les
sociétés de moins de 10 salariés.
Pour ces trois
taxes, on ne peut que recommander aux entreprises de dépenser en frais réels
(embauche d'apprentis, formation des salariés…) et d'utiliser au maximum les
services et remboursements des organismes collecteurs afin de minimiser le coût
total.
1.3.4. la
taxe sur les salaires : imposition 2004 de
8 milliards
d'euros
Base : une partie de
la masse salariale d'une entreprise
non assujettie à la
TVA
Taux : progressif de
4,25% jusqu'à 13,6%
2. les
impôts sur la dépense
Ces impôts
représentent près de la moitié des
recettes fiscales
françaises et comprennent principalement
les taxes sur le
chiffre d'affaires (TVA en
particulier) et les
contributions indirectes (droits
indirects de
circulation et de consommation).
2.1. la
taxe sur la valeur ajoutée (TVA) : imposition
2004 de
139 milliards d'euros
Cette taxe représente
la quasi totalité de l'imposition du chiffre d'affaires. Les taxes assimilées
(produits forestiers, betteraves…) ne seront donc pas étudiés ici.
Principe du calcul
différentiel : la TVA n'est pas calculée directement sur la valeur ajoutée,
mais est obtenue en déduisant de la taxe calculée sur la valeur des produits
livrés ou des services rendus (taxe figurant sur la facture émise), le montant
de la taxe ayant grevé les coûts de fabrication ou de fournitures de services
(taxe figurant sur la facture reçue). Ce procédé aboutit au même résultat que
l'imposition de la valeur ajoutée, mais est plus efficace (la taxe est perçue à
chaque échelon et non pas lors de la vente au client final) et reste neutre
(indépendante de la longueur du circuit économique). Ce système, mis en place
en France, a été généralisé à l'ensemble des autres pays de la Communauté
européenne.
Principaux taux : 2
taux principaux, à savoir 5,5% (taux réduit) pour les produits alimentaires et
certaines prestations (hôtellerie, transport, spectacles…) et 19,6% (taux
normal) pour les autres opérations.
2.2.
Les contributions indirectes
Ces
taxes sont très nombreuses et ne s'appliquent en général qu'à un nombre limité
de contribuables.
On ne
citera que les plus importantes : taxes sur les alcools, le tabac, les eaux
minérales, les assurances, les jeux, les transports, les taxes locales
d'équipement…
Parmi
toutes ces taxes, on constate une augmentation constante et accélérée des taxes
dites
environnementales
: la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) qui augmente de +72% en
5 ans, la contribution Eco-emballages (+280% en 5 ans) qui doit être considérée
comme une taxe bien que collectée par un organisme privé, la TIPP (taxe
intérieure sur les produits pétroliers + 50% entre 1990 et 2004)…
3.
Les impôts sur le capital
Pendant
longtemps, l'imposition du capital a été faible, économie libérale classique
oblige. Cette imposition a augmenté car certains profits considérés pendant
longtemps comme du capital ont été affectés en revenu, donc taxés à l'impôt sur
le revenu. De plus, la création toujours décriée d'un impôt sur la fortune
permet de taxer directement le capital des personnes physiques.
3.1.
les droits d'enregistrement et de timbres :
imposition
2004 de 17 milliards d'euros
Les actes
juridiques peuvent faire l'objet d'un enregistrement par le receveur des impôts
ce qui leur donne date certaine et crée une présomption ou un commencement de
preuve. Certains actes doivent obligatoirement être enregistrés sous peine de
sanctions fiscales. Le coût peut être fixe, proportionnel ou progressif, basé
sur le prix.
3.2.
l'impôt sur la fortune : imposition 2004 de
2.6
milliards d'euros
Cet
impôt mis en place en 1989 en remplacement de l'impôt sur les grandes fortunes
s'applique à
toute
personne physique domiciliée en France et dont le patrimoine du foyer fiscal
excède 732.000 euros. Les biens professionnels, objets d'art… sont exonérés. Le
taux est progressif et faible (0,55% à 1,8%). Cet impôt bien que très critiqué
pour son
faible
résultat et sa possible incitation au départ de France des grosses fortunes
permet de limiter les spéculations improductives et conduit l'administration
fiscale à mieux connaître ces foyers et mieux vérifier leurs revenus.
10
3.3.
la fiscalité locale directe
Cette
fiscalité est en hausse constante depuis le désengagement de l'Etat dans
certaines dépenses, en particulier le financement des revenus minimums (RMI et
RMA) qui sont gérés maintenant au niveau local. Ces taxes sont anciennes et
leurs bases sont souvent très obsolètes.
3.3.1.
les taxes foncières sur le bâti et sur le non
bâti
: imposition 2004 de 18 milliards d'euros
Ces deux
taxes portent comme leurs noms l'indiquent sur les bâtiments et les terrains
nus. La base d'imposition correspond à 50% de la valeur locative (valeur d'un
loyer annuel " normal ") du bien bâti et 80% pour le bien non bâti.
Le taux est variable selon les collectivités. Ces taxes s'appliquent aux
propriétaires, aussi bien personnes physiques que personnes morales.
3.3.2.
la taxe d'habitation : imposition 2004 de
13
milliards d'euros
Cette
taxe est due par toute personne disposant (propriétaire ou non) d'une
habitation meublée à
l'exclusion
des locaux professionnels taxés eux à la taxe professionnelle. La base
d'imposition correspond là encore à la valeur locative mais diminuée en
fonction de la taille de la famille résidante.
3.3.3.
la taxe professionnelle : imposition 2004
de
24 milliards d'euros
Cette
taxe créée en 1975 en replacement de la patente considérée comme obsolète (les
bases
dataient
de 1926…) est considérée aujourd'hui comme anti-économique. Elle repose sur la
valeur
locative
des terrains et immeubles à laquelle on ajoute 16% du prix de revient des
immobilisations.
Sur
cette base, différents taux (commune, département, région) sont appliqués. Ces
taux peuvent être très différents d'un département à l'autre et s'élèvent en
2004 à 17,38% pour Paris.
Les
contribuables sont soumis à une cotisation minimale égale à 1,5% d'une valeur
ajoutée taxe
professionnelle.
Cette valeur ajoutée
est grossièrement égale au chiffre d'affaires diminué des achats de matières et
marchandises et des autres charges externes (hors locations longue durée).
Cette cotisation minimale s'applique principalement aux sociétés de services
ayant peu d'immobilisations et utilisant peu de surface.
Depuis la
disparition de la masse salariale dans la base d'imposition, ces sociétés de
services auraient été très peu taxées sans cette cotisation minimale.
Au contraire, les
industries utilisant beaucoup de surfaces et d'immobilisations bénéficient d'un
plafonnement de 3,5 à 4% de cette même valeur ajoutée.
Ces deux catégories
de contribuables s'ils ne représentent que 5,5% du nombre total d'entreprises, financent
plus de 52% de la taxe professionnelle totale. L'augmentation des taux de la
cotisation minimale renforce cette importance. Les travaux de grande réforme de
cette taxe n'ayant abouti en réalité qu'à un léger toilettage, il y a fort à
parier que le taux de la cotisation minimale continuera à augmenter pour
financer les budgets des collectivités locales.
CONCLUSION
Les améliorations
possibles :
Abandon des régimes
dérogatoires, complexes et inégalitaires.
Augmentation du
nombre de foyers fiscaux payant de l'impôt sur le revenu (53% n'en paient pas).
Evolution en cours
dans ce sens avec l'augmentation en taux comme en base de la CSG et de la
CRDS
Diminution de la
fraude des bases d'imposition fondées sur une comptabilité (BIC et BNC, IS) et
non
déclarés par des
tiers (salaires, retraites) par une augmentation des effectifs contrôleurs. En
2004, 10 milliards (dont 3 milliards de pénalités) ont été rappelés par
contrôle fiscal.
Transformation des
taxes environnementales en véritables outils d'incitation à ne pas polluer. Ces
taxes, qui en cumul
s'élevaient à 43 milliards d'euros en 2003 (soit plus que l'impôt sur les
sociétés ou la taxe professionnelle), sont bien souvent dissimulées (24% de la
facture d'eau ou 75% de la facture d'essence par exemple) et devraient au
contraire être visibles pour que les entreprises prennent conscience de leur
coût et mettent en place des systèmes d'économies
d'énergie ou de
dépollution. Dans l'état actuel ces taxes sont difficiles à maîtriser (la TGAP
recouvre par exemple
8 taxes différentes et a fait l'objet de 15 instructions des Douanes en 3 ans).
En outre la non
affectation de ces recettes à la prévention ou à la réparation des dommages
causés à l'environnement est quasi constante. Comment une fiscalité de
l'environnement aussi peu lisible peutelle jouer un quelconque rôle de
responsabilisation ?
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