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Monnaie et crise économique


Quels sont les rapports entre monnaie et crise économique ? Trois conceptions principales existent.

1/Dans une perspective strictement dichotomiste, la monnaie est un voile et , dès lors que les mécanismes du marché jouent librement, l’offre crée sa propre demande (loi des débouchés de J .B.Say). Il ne saurait donc y avoir dans cette perspective de crise générale de surproduction.
2/Pour certains (essentiellement les keynésiens, mais l’idée était déjà présente chez Marx) dès lors que la monnaie est demandée pour elle-même , l’existence d’une thésaurisation ouvre la possibilité d’une crise. La loi de Say est toujours vraie dans une économie de troc, toujours fausse dans une économie monétaire.
3/Pour d’autres enfin (essentiellement l’école autrichienne) la monnaie est susceptible de déclencher des crises dès lors qu’elle fait l’objet de manipulation arbitraire par les banquiers et/ou l’Etat
Les domaines financiers et bancaires sont souvent ceux oû les manifestations des crises sont les plus spectaculaires. Il faut souligner cependant d’un très grand nombre d’économistes considèrent que les faillites bancaires comme les krachs boursiers ne sont que les symptômes et les détonateurs au sein d’un contexte économique profondément dégradé.
Par exemple, au lendemain, du Krach de l’union Générale(1882), L.Say écrivait : « L’impossibilité de  liquider les opérations de bourse d’une banque qui spéculait sur ses propres actions n’est qu’un fait particulier. Le fond de l’affaire c’est que depuis deux ans la France avait mis ses épargnes dans des entreprises improductives et imaginaires, et qu’elle les avait perdues. Si l’effondrement de cette banque ne s’était pas produit, il se serait produit autre chose. Si la spéculation ne s’était pas fourvoyée dans cette voie elle se serait fourvoyée dans  une autre. »
Trois approches des rapports entre monnaie et crise économique peuvent être distinguées :
A- Dans la conception dichotomiste  illustrée par la loi des débouchés de J.B.Say, la valeur de la production est distribuée sous forme de revenu :
Production  = Revenu
Le revenu se partage entre consommation et épargne. La consommation est une demande des biens adressée à l’économie et constitue donc un débouché pour la production. Puisque toute l’épargne est placée, elle est mise à la disposition des agents qui souhaitent investir, ceux-ci adressent donc à l’économie un demande de biens de production.
Production de Biens de Consommation + production de Biens de Production = Consommation + Investissement
Si les décisions de producteurs et des consommateurs ne sont pas compatibles, une modification de la structure des prix relatifs conduira à une nouvelle situation d’équilibre. Il ne peut donc pas y avoir de déséquilibre durable et généralisé. Les variations de la quantité de monnaie convertible, font l’objet d’une régulation grâce aux mécanismes de l’étalon-or.
B-  Dans une perspective Keynésienne, la monnaie pouvant être demandée pour elle-même et donc thésaurisée, rien ne garantit que les quantités demandées seront égales aux quantités offertes. Si la demande se révèle insuffisante pour écouler la production, la baisse des prix conduira les entrepreneurs à réviser en baisse leurs plans de production, l’emploi diminuera ainsi que les investissements, le revenu distribué sera donc en baisse ce qui entrainera  une baisse de la production, etc .
Le mouvement cumulatif de baisse ainsi engagé ne peut être enrayé que par une action volontariste  de l’Etat qui doit stimuler la demande globale. Une création de monnaie nécessaire au financement du déficit budgétaire est donc susceptible d’avoir un effet bénéfique sur l’activité économique.
C- la conception de Hayek ( qui s’appuie sur les analyses de K.Wicksell même s’il arrive à des conclusions différentes) repose sur le concept de taux d’intérêt qui assure l’équilibre entre l’épargne que les agents décident librement de constituer et l’investissement des entrepreneurs. Lorsque le taux du marché est égal au taux naturel ,la longueur du «  détour de production » est conforme à l’arbitrage des agents entre satisfaction immédiate (consommation) et satisfaction future(épargne). Si le taux d’intérêt du marché devient inférieur au taux naturel (en raison d’une offre excessive de monnaie de la part des banquiers) le détour de production s’allonge, la structure de la production et les prix relatifs se modifient (la monnaie n’est donc pas neutre). Cet allongement du détour de production conduit à un excès de capital qui n’est supportable que si l’inflation continue à s’accroitre. Comme une telle situation ne saurait durer indéfiniment, on débouche fatalement sur un crise. Pour Hayek, lorsque les conditions de la crise ont été créées par un abaissement artificiel du taux d’intérêt, il faut laisser les mécanismes de crise procéder à l’assainissement nécessaire.

Références bibliographiques
-J.K .Galbraith, Brève histoire de l’euphorie financière, le Seuil, Paris 1992
-Ch.P.Kindleberger, Histoire mondiale de la spéculation financière, Editions P.A.U, Paris, 1994
 *Source revue "PREPAS ÉCONOMIE "


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