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Panorama du secteur financier au Maroc



                                        *Par Marouane Ameziane.Source Revue Partie double n°13
Le propos de cet article est de retracer l’histoire récente ayant présidé à la libéralisation du secteur financier au Maroc, rendant celui-ci l’un des plus compétitifs de la région MENA, notamment à travers la place boursière de Casablanca. Nous commencerons d’abord par expliquer les origines de la transformation du secteur financier et bancaire au Maroc, pour ensuite nous attarder sur les organismes régulant le marché des capitaux, avec un focus sur la Bourse des Valeurs de Casablanca. Nous traiterons dans un troisième temps des instruments du marché monétaire, pour enfin, conclure notre article en tentant une mise en perspective du secteur financier marocain.

Origines
Au début des années 1980, le Maroc fit face à une sérieuse crise économique :
les réserves officielles brutes étaient pratiquement épuisées, et le pays fut obligé de demander le rééchelonnement de sa dette extérieure. Le Maroc procéda à une réorientation de sa politique économique, en décidant d’accorder une place plus importante au secteur privé et aux mécanismes
de marché, pour permettre une plus grande ouverture de l’économie.
Cette volonté s’est concrétisée sous l’impulsion des institutions financières internationales jumelles de Bretton Woods,la Banque mondiale et le FMI, à travers la mise en place d’un Plan d’Ajustement Structurel (PAS) en 1983. Sans entrer dans l’intégralité du PAS, soulignons simplement qu’une de ses composantes majeures était la réforme du système financier visant à attirer les capitaux privés étrangers et à transformer l’économie d’endettement d’alors en une économie de financement.
A partir de 1983, la réforme du système financier marocain a permis :
• D’abolir progressivement l’encadrement du crédit : en effet, le crédit faisait auparavant l’objet d’un contrôle visant à l’allouer à des secteurs considérés comme prioritaires (ex : agriculture), rendant ainsi la mobilisation des dépôts et l’allocation du capital non optimales ;
• D’instaurer une nouvelle politique de refinancement des banques : en 1995, une nouvelle procédure d’intervention de Bank Al Maghrib (BAM)1 proposait un système de refinancement fondé sur des appeld’offres hebdomadaires et des prises de pension à cinq jours, ces mesures remplaçant le refinancement par les recours automatiques et les taux préférentiels.
• D’améliorer le contrôle de l’activité bancaire : notamment par la refonte du cadre juridique définissant les établissements de crédit, avec la loi du 23 juillet 1993, et surtout par l’introduction de règles prudentielles. Sur ce point, le ratio Cooke de solvabilité fut fixé à 8% en 1996, à l’instar de ce qui se fait dans les pays européens.
• D’assouplir les opérations financières avec l’extérieur : à travers l’instauration d’une convertibilité courante du dirham marocain, l’assouplissement du régime des comptes en devises pour les exportateurs de biens, de services et les Marocains Résidents à l’Etranger (MRE) et la création d’un marché des changes.
La refonte du marché des capitaux
Ce mouvement qui a transformé le marché bancaire et para bancaire, s’est prolongé par une véritable refonte du marché des capitaux.
La réforme de la Bourse des Valeurs mobilières de Casablanca (BVC) et la diversification des modes de financement de l’économie marocaine étaient au coeur de la réforme institutionnelle engagée.
Le marché financier et boursier marocain a connu un mouvement de modernisation important à partir de 1993, mais, avant de parler des mesures de modernisation de ce marché, il parait judicieux de définir le contexte de cette réforme.
En 1993, les sociétés côtés à la bourse de Casablanca étaient au nombre de 69, alors que celles en Corée du Sud étaient au nombre de 670. Dans le même ordre de comparaison, le volume des transactions réalisées annuellement à Casablanca, de quelques 22 milliard de dirhams (soit moins de 2 milliards de dollars), correspondait au Chiffre d’Affaire réalisé en une journée par la bourse deTaiwan. Enfin, le ratio de financement de l’économie (i.e Capitalisation boursière / PIB) atteignait 7% àCasablanca, alors qu’il était de 50% en Corée du Sud.
Par conséquent, à partir de 1993, les autorités marocaines entreprirent deux réformes majeures : la première, a fait l’objet de trois textes de lois relatifs dont deux relatifs à la Bourse des valeurs et aux Organismes de Placements Collectifs des Valeurs Mobilières (OPCVM), et une loi portant création du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM).
Ces lois visaient la mise en place de moyens permettant :
1) de rendre le marché boursier plus liquide et plus transparent,
2) la protection des épargnants et l’amélioration de l’information fournie aux investisseurs et au public,
3) la dynamisation du marché financier afin de lui permettre une large participation au financement de l’économie,
4) l’institution de nouveaux produits financiers, et enfin
5) l’instauration d’un régime fiscal favorisant le placement en valeurs mobilières.
La seconde réforme a été introduite quand à elle en 1997 avec l’adoption de deux nouveaux textes de loi. Le premier texte de loi modifiait le Dahir2 relatif à la BVC de 1993, en créant le Dépositaire Central ou « Maroclear » chargé d’assurer la conservation des titres admis au régime de compte courant et faciliter leur circulation et d’instituer un régime de dématérialisation des titres mobiliers. Le second texte a institué un régime général de l’inscription en compte courant pour les valeurs mobilières admises à la côte de la BVC, les titres des OPCVM, les Titres de Créances Négociables (TCN) et les Bons du Trésor émis par adjudication.
Avant de poursuivre plus avant, attardons nous sur la Bourse de Casablanca et les modalités de son fonctionnement.
Bourse des Valeurs de Casablanca
Ce qui est communément appelé de nos jours la bourse de Casablanca trouve l’origine de sa création en 1929. La bourse s’appelait alors « Office de Compensation des Valeurs Mobilières », et est née sous l’impulsion des principales banques privées de l’époque. La première séance de cotation eu lieu le 07 novembre 1929, soit deux semaines après le jeudi « noir » de la crise de 1929. A cette époque le marché n’était pas encore structuré, et ce n’est qu’en 1967 après l’adoption d’une loi sur la Bourse des Valeurs que l’activité sur le marché boursier national commença à prendre forme. En effet, auparavant, la Bourse était restée marginalisée en tant que source de financement, du fait que les entreprises marocaines préféraient recourir même en situation d’endettement difficile, au circuit bancaire qui était perçu comme plus « sûr ».
Suite aux lois de 1993 précédemment citées, la bourse est passée du statut d’établissement public à celui de société anonyme de droit privé (Société de la Bourse des Valeurs de Casablanca ou SBVC). Cette modification de son statut s’est traduite par l’apparition de nouveaux acteurs :
• Les Sociétés de Bourse, distinctes des banques, dont le rôle est d’assurer le métier d’intermédiation boursière ;
• Les OPCVM pour mobiliser l’épargne et fournir au marché la liquidité nécessaire à son développement ;
• Le CDVM pour contrôler et réguler le marché. C’est l’équivalent marocain de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) française. Cependant, le CDVM souffre actuellement d’un manque d’autorité face à l’ampleur que prend l’évolution des opérations boursières.
Pour suivre la performance de la place casablancaise, des indices capables de refléter en permanence les caractéristiques et l’évolution des produits boursiers ont également furent crées.
Ces indices ont pour objet d’informer les épargnants sur l’évolution quotidienne de la Bourse. Ils sont calculés de manière scientifique sur la base d’un échantillon représentatif d’actions cotées. Ainsi les investisseurs marocains et étrangers peuvent a travers les indices boursiers MASI, MADEX et CFG 25 estimer la performance de la Bourse de Casablanca :
- Le MASI (Morrocan All Shares Index) est un indice de capitalisation. Il intègre toutes les valeurs de type actions cotées a la Bourse de Casablanca. Il est ainsi un indice large permettant de suivre de manière optimale le développement de l’ensemble de la population de valeurs de la cote.
- Le MADEX (Morrocan Most Active Shares Index) est un indice compact composé des valeurs les plus actives de la cote, en terme de liquidité mesurée sur le semestre précèdent. Le MADEX intègre donc les valeurs cotées en continu sur la place casablancaise. Ce dernier se révèle ainsi un instrument particulièrement adapté à la gestion de portefeuille. - Le CFG 25 indice crée par la Banque d’affaire marocaine Casablanca Finance Group. Il repose sur une gestion rigoureuse d’un échantillon de 25 actions marocaines, les premières de leur secteur d’activité (cf encadré).
La BVC en chiffres
Depuis sa création, la bourse n’a cessé de croître en capitalisation pour atteindre, au 31 décembre 2007, une capitalisation boursière de 586,3 milliards3 de dirhams, soit 65,2 milliards de dollars, devenant ainsi supérieure au PIB en 2007 de 59,2 milliards de dollars
Evolution de la Capitalisation Boursière de la BVC (1996-2007)

source: Bourse des valeurs de Casablanca

Le volume des transactions a par ailleurs cru de manière exponentielle sur les dix dernières années, pour passer de 20,4 milliards de dirhams (~2 milliards de dollars) en 1996 à 359,7 milliards de dirhams (40 milliards de dollars) en 2007.
Evolution du volume de transaction sur la BVC (1996-2007)

La forte croissance de la capitalisation boursière est essentiellement due à la vague des privatisations de la fin des années 1990, suivie de l’introduction en bourse d’un certain nombre d’entreprises, devenue à la mode depuis le début des années 2000. En particulier, la forte croissance depuis 2004 s’explique entre autre par l’introduction en bourse de Maroc Télécom, et d’entreprises familiales opérant dans la promotion immobilière, telle Addoha (groupe d’Anas Séfrioui) ou plus récemment la SNEP (Groupe de Miloud Chaâbi). Ces introductions en bourse ont à chaque reprise été sursouscrites, traduisant l’engouement croissant des épargnants marocains pour la bourse, expliquant la forte hausse des volumes de transactions. La Bourse a en effet tendance à se démocratiser, lentement mais sûrement, parmi la population citadine active. Le développement de la Bourse de Casablanca traduit relativement bien le développement du marché des capitaux.
Modernisation du marché monétaire
Le marché monétaire a pour sa part connu une modernisation importante avec l’introduction en janvier 1995 d’un deuxième compartiment de marché, portant sur les titres des créances négociables (TCN) ou marché secondaire. Sur ce marché, les entreprises peuvent désormais emprunter ou placer des capitaux sans recourir aux banques
L’évolution de la législation sur les titres financiers a comporté l’élargissement de la panoplie des titres pouvant être émis par les opérateurs.
Sont notamment apparus:
Les titres nouveaux de capital et assimilés, composés des actions à dividende prioritaire sans droit de vote, des certificats d’investissements et des obligations convertibles en action; les TCN, deuxième compartiment du marché obligataire. Les TCNs sont des composantes du marché monétaire pour les opérations à Court et Moyen terme. Trois catégories de TCN existent au Maroc, à rapprocher de ceux existants en France, et sont : les certificats de dépôts, les Bons des sociétés de financement et les billets de trésorerie.
Avec la mise en place des TCNs, le marché monétaire est devenu de plus en plus animé, plus souple et plus adaptable aux besoins des investisseurs. Par ailleurs, la création du marché des TCNs a permis un décloisonnement des marchés des capitaux, un élargissement de la finance directe à Court terme, l’encouragement du financement désintermédié des entreprises. Ce marché a par ailleurs mécaniquement permis :
Une réduction des coûts de financements et de la dépendance des entreprises vis-à-vis des banques, à l’Etat de se financer à court et moyen terme à des conditions avantageuses et enfin, à la BAM de mettre en œuvre une politique monétaire basée sur le taux d’intérêts.
Ces titres de créances négociables sont émis par des personnes morales de droit marocain sous forme de billet à échéance, d’une durée déterminée, représentant un droit de créances.
Ces titres sont négociables de gré à gré (Over the Counter) et ne peuvent être côtés en bourse.
L’activité du marché des titres de créances négociables a connu une nette évolution de 1998 à aujourd’hui avec un léger recul en 2003. C’est ainsi que le volume global des émissions de TCN est passé de 2,9 milliards en 2003 à 6 milliards de dirhams en 2004. Cette évolution est attribuable à la forte progression

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