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Développement économique : Auto-renforcement par inertie



Paul Rosenstein-Rodan, écrivant en 1943, affirmait que le développement économique pouvait être considéré comme un échec de la coordination, dans lequel plusieurs investissements ne sont pas réalisés simplement parce que d'autres investissements complémentaires ne sont pas réalisés, et que ces derniers ne sont pas réalisés simplement parce que les premiers disparu.

Ainsi, on pourrait concevoir deux équilibres dans les mêmes conditions fondamentales, l’un dans lequel s’effectue un investissement actif, les efforts de chaque industrie étant motivés et justifiés par le développement d’autres industries, et un autre équilibre impliquant une stagnation persistante, dans lequel l’inactivité d’un l'industrie s'infiltre dans un autre. Cela peut expliquer pourquoi des économies similaires peuvent se comporter de manière très différente, en fonction de la nature des convictions des agents de différents secteurs concernant les actions des uns et des autres. Il devrait être évident que pour que ce type de situation se produise, il doit exister des effets interactifs ou des externalités entre les industries. De manière générale, ces externalités peuvent prendre deux formes. Premièrement, deux industries pourraient être liées, en ce sens que l’expansion de l’une pourrait provoquer une plus grande demande pour le produit de l’autre (un lien de demande) ou faciliter la production de la deuxième industrie (un lien d’offre). Ces liens sont particulièrement mis en avant dans les travaux d'Albert Hirschman [1958], dans un vieux débat sur la croissance «équilibrée» ou «déséquilibrée», ainsi que dans le concept connexe de secteurs porteurs. Malheureusement, ce thème très important n’a pas été sérieusement officialisé. La deuxième forme que pourraient prendre les externalités est plus indirecte. Les industries génèrent le revenu, et le revenu génère une demande pour d'autres industries. Comme aucune entreprise individuelle n'intériorise ces effets, un échec de la coordination, renforcé par des attentes pessimistes, peut générer un faible niveau d'activité économique. Comme Henry Ford l'a écrit dans son autobiographie, des salaires plus élevés payés par les entreprises seront en fait bénéfiques pour ces entreprises à long terme, car les revenus générés reviendront sous la forme d'une plus grande demande. [Mais cela ne signifie pas, bien sûr, qu’une entreprise en particulier augmente unilatéralement ses salaires pour faire plaisir à Henry Ford et aux autres entreprises de l’économie.]
L’argument est donc que le renforcement de l’activité économique génère un revenu national plus important, lequel peut générer une demande supplémentaire pour justifier cette activité. Comme Scitovsky [1954] l'a précisé par la suite, ces externalités sont «pécuniaires» plutôt que «technologiques», incompatibles avec le paradigme traditionnel d'Arrow-Debreu, qui consiste à créer un ensemble complet de marchés parfaitement concurrentiels. Un ensemble complet de marchés prévisionnels et prospectifs permettrait de résoudre ces interdépendances par le biais du mécanisme des prix, en éliminant la possibilité de multiples équilibres ordonnés par Pareto. Ces externalités pécuniaires sont donc particulièrement répandues aux premiers stades de développement, alors que des marchés financiers bien développés ne sont pas encore apparus. Ces vastes externalités pécuniaires ne doivent pas nécessairement se limiter à la demande. Supposons que l'expansion de certains secteurs contribue à la création d'une main-d'œuvre qualifiée, fiable et instruite. Ensuite, l’offre d’un bassin de main-d’œuvre de haute qualité stimulera le développement d’autres industries. Ils peuvent aussi stimuler le développement d’infrastructures telles que les transports, l’énergie et la communication, qui favorisent le développement d’autres industries auparavant bloquées par l’absence de telles infrastructures. Ce sont des externalités générales qui agissent en facilitant la production et non en augmentant la demande de produits. Puisqu'ils impliquent le développement d'une gamme de services non échangés, ils ne peuvent pas être contournés via le commerce international. Notre première lecture présente une formalisation simple et cohérente de cette externalité plus large dans un contexte d'équilibre général (Murphy, Shleifer et Vishny). Dans cet article, les auteurs passent en revue une série de modèles qui tentent de saisir les «externalités indirectes» entre les entreprises et les secteurs.

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